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La Compagnie des Animaux
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Bien Être Animal : Les 6 besoins vitaux du cheval
Bien Être Animal : Les 6 besoins vitaux du cheval
Nous allons aborder les 6 besoins vitaux des chevaux. Ceux qui doivent être respectés sans quoi le pronostic vital peut-être engagé. Ces points essentiels doivent impérativement être rappelés sans cesse. Pour vivre il faut : Respirer, Boire, Manger, Dormir, Bouger, Communiquer. Tout « homme de cheval » s’appliquera avant tout à vérifier le respect de ces 6 points : « mon cheval respire-t-il correctement ? », « mon cheval boit-il correctement ? », etc.
RESPIRER
C’est bien évidemment le premier besoin vital, sans respiration, pas de vie, et le corps s’arrête de fonctionner très rapidement.
En dehors d’une asphyxie aigüe, toute atteinte de la fonction respiratoire va entamer le potentiel du cheval, même à petite échelle.
Les chevaux sont fragiles sur le plan respiratoire, c’est même le facteur majeur de limitation des performances sportives, avant les problèmes orthopédiques, comme nous l’avons décrits dans un précédent article.
Il faut bien prendre conscience que les chevaux vivent souvent confinés (c’est d’actualité !) dans un box 23 heures sur 24, souvent mal ventilé, exposé aux poussières…
Il est donc fondamental de s’occuper au mieux de les mettre dans une situation de bien-être respiratoire afin de leur permettre de conserver la totalité de leur capacité respiratoire :
- Avoir des box bien ventilés (facile à vérifier avec la fumée d’une cigarette, qui doit monter vers le plafond et être éliminée rapidement, ne pas stagner) ;
- Que les chevaux puissent mettre la tête à l’extérieur du box ;
- Eviter de pailler (= secouer la paille pour faire la litière) en présence des chevaux ;
- Bien entretenir les litières pour éviter les vapeurs d’ammoniac dues à l’urine ;
- Sortir les chevaux le plus souvent possible (pré, paddocks, exercice, …).
Bien vacciner et prendre des mesures raisonnées pour éviter la contagion des grandes maladies respiratoires : Grippe, Rhinopneumonie, Gourme, …
Un exemple : préférer les grilles « col de cygne » (qui permettent au cheval de sortir la tête du box) aux grilles pleines qui enferment totalement le cheval dans le box.
BOIRE
Deuxième besoin vital : Boire, sinon, de même, la vie s’arrête rapidement…
Vous verrez écrit partout qu’un cheval boit 40 litres d’eau par jour. C’est totalement faux.
Nous avons étudié pendant une année une vingtaine de chevaux, en posant des compteurs d’eau sur les abreuvoirs, et en les relevant matin et soir. Il s’avère que les consommations sont extrêmement variables d’une journée à l’autre, et d’une saison à l’autre. C’est d’ailleurs la météo qui est le principal facteur de variation de la consommation.
Vous observerez, à titre d’exemple, sur le graphique ci-dessous, que ce cheval passe de 12 litres par jour à 38 litres par jour du jour au lendemain, et ne dépasse 40 litres que deux fois.
Ce qui est important en pratique :
- Vérifier matin est soir que les abreuvoirs automatiques fonctionnent bien si c’est ce système d’abreuvement qui est en place ;
- Remplir les seaux très régulièrement si l’abreuvement est au seau ;
- Vérifier que les points d’eau ne sont pas gelés au pré ;
- Savoir néanmoins que les chevaux peuvent être privés d’eau facilement une demi journée, à condition d’être bien nourris en foin, car le caecum (une des partie du gros intestin) leur sert de réserve, c’est un peu leur « bosse de chameau ».
Etre très vigilant sur l’hygiène de l’eau, et en particulier le risque de contamination par l’urine de rongeur, qui transmet une des grandes maladies des chevaux : la Leptospirose.
- Savoir que les chevaux sont très sensibles au goût de l’eau, il leur arrive même de rechigner à boire lorsqu’on leur change leur eau habituelle, et certains entraîneurs font même l’effort d’emmener l’eau des écuries sur les lieux de compétition, c’est dire !
MANGER
Troisième besoin vital : manger, sans quoi le corps s’épuise à consommer ses réserves. Bien que tous les animaux résistent assez longtemps à la privation de nourriture, le pronostic vital finit toujours par être mis en jeu.
Comme nous l’avons vu dans plusieurs articles sur l’alimentation, le cheval est un herbivore, il faut toujours avoir cela à l’esprit, et raisonner en fonction de cette priorité absolue : le cheval mange d’abord de l’herbe, soit sous sa forme humide et fraiche (herbe des pâturages), soit sous sa forme sèche et conservée (le foin).
C’est la base de son alimentation. Le foin doit être donné à volonté, et s’il est rationné, c’est a minima 8 kg par jour. Le foin seul suffit amplement à un cheval qui ne dépense pas d’énergie à faire de l’exercice, ou qui en fait peu. Le manque de foin entraine des troubles de la digestion chez les chevaux, et notamment un risque de coliques, dont nous savons qu’elles sont toutes potentiellement mortelles.
Par contre, le foin seul ne suffit pas à couvrir les besoins liés à l’exercice, et il faut rajouter des concentrés plus caloriques à base de céréales, d’huiles, etc. qui existent dans le commerce sous forme de granulés ou de floconnés.
Herbe fraiche ou herbe sèche (=foin), la base de l’alimentation des chevaux
DORMIR
Le quatrième besoin vital, le sommeil. « Est-ce que mon cheval dort bien ? » doit être une question à se poser, et pour y répondre il faut avoir quelques notions du sommeil chez les chevaux.
Contrairement à ce qu’on croit, les chevaux ne dorment pas debout. Debout, ils somnolent, ils se reposent, récupèrent, mais ce n’est pas du sommeil profond. Le sommeil profond, ils le prennent couchés, soit « en vache », c'est-à-dire couchés sur le ventre, soit allongés de tout leur long sur le coté (en langage scientifique on dit « décubitus latéral »). Ces périodes de sommeil profond sont courtes, 10 à 15 minutes, pas plus, et réparties tout au long de la journée ou de la nuit, pour totaliser deux à trois heures par jour. Le cheval fait ce qu’on appelle du « sommeil fractionné », afin d’échapper aux prédateurs, et pendant ce temps, dans la nature, d’autres chevaux veillent, ils font une rotation.
Fort de ces connaissances, les conséquences pratiques sont alors logiques et de bon sens :
- Eviter de déranger un cheval couché, le laisser tranquille 10 minutes pour qu’il puisse prendre son temps de sommeil, revenir plus tard ;
- Noter lorsqu’un cheval est couché, car si 10 à 15 minutes sont normales, plus c’est anormal et il faut aller voir ce qui se passe (maladie, coliques, …) ;
- Eviter les appareils radio à fond dans les écuries, les chevaux sont sensibles au bruit et cela les empêche de dormir ;
- Un cheval stressé (par exemple lors d’une compétition) ne se couche pas, et donc ne dort pas, c’est une information importante pour évaluer le niveau de stress ;
- Lors de transports longs, durant lesquels les chevaux ne peuvent pas se coucher, il faut prévoir de la fatigue à l’arrivée et un temps de récupération.
Dans la nature, le système de garde par rotation : certains sont couchés et dorment, tandis que les autres veillent et surveillent (noter qu’ici ce sont les poulains qui sont couchés, ils dorment beaucoup plus que les adultes).
BOUGER
Bouger, se mouvoir, se déplacer, est un autre des besoins vitaux pour le cheval.
Dans la nature les chevaux se déplacent au moins 8 heures par jour, à la recherche de leur nourriture, ou pour échapper à leurs prédateurs naturels.
Le fait de bouger permet à l’ensemble du corps de fonctionner, et en particulier, les mouvements leur permettent de faire fonctionner les deux appareils majeurs : appareil respiratoire et appareil digestif.
Bouger en harde, bouger en balade, l’important c’est de bouger
On peut alors en déduire :
- Eviter les 23 heures sur 24, statique au box, et avoir toujours en tête que « le pire ennemi du cheval c’est le box » ;
- Tous les prétextes sont bons pour faire bouger un cheval : exercice, marcheur, tapis roulant, balade, …
- Savoir que les chevaux bougent peu au pré, aussi pour un cheval sportif il faut des mouvements qui sollicitent plus le corps.
Noter néanmoins que les chevaux sont capables de tolérer des périodes d’immobilité incroyablement longs sans que cela pose obligatoirement un problème, il est étonnant de les voir s’adapter par exemple en convalescence de chirurgie de fracture. Bien entendu ce sont des cas exceptionnels et ces chevaux sont particulièrement entourés et soignés, et médicalisés, ce qui compense.
COMMUNIQUER
Dernier besoin vital, mais à connaître : laisser un cheval seul, sans congénères, sans compagnie, peut engager son pronostic vital : dépérissement, stress chronique et toutes ses conséquences néfastes, coliques notamment…
Le cheval est un animal grégaire (= animal de groupe), il vit en harde dans la nature, c’est tout sauf un animal solitaire, il cherche les autres, les appelle, les touche, les voit, les sent, tous ses sens sont en éveil, et la solitude est anormale pour lui, c’est une source d’angoisse.
Les duos au pré : ici deux vieux chevaux se grattant mutuellement
Etre avec les autres, c’est communiquer, avec tous ses sens, les postures, les mouvements d’oreilles, les odeurs, les hennissements. Il faut permettre cela et éviter à tout prix l’isolement total d’un individu, sans quoi les problèmes de santé, liés au mal-être, vont vite arriver, et peuvent avoir une fin catastrophique, tant les chevaux sont sensibles au stress.
Par conséquent :
- Pas de cheval seul au pré ;
- Mettre un nombre pair de chevaux ensemble, ils s’apparient souvent pour se gratter, chasser les mouches de l’autre avec leurs queues ;
- Sevrer les poulains par paires ;
- Faire en sorte dans une écurie que les chevaux puissent se voir, sentir leurs odeurs, entendre leurs hennissements ;
- Si impossible d’avoir un autre cheval, tacher de trouver un animal compagnon, on voit de tout : lapin, poney, chèvre, mouton…
- Si cheval seul par obligation, compenser par la relation à l’humain : passer du temps avec lui, brosser, pansage long, nombreuses balades… mais sans jamais le laisser croire que vous êtes un congénère, ce serait dangereux.
En conclusion, une fois satisfaits ces 6 besoins vitaux, on peut alors passer à autre chose, mais pas avant. Donc, une fois que le cheval est dans de bonnes conditions de vie, c’est à dire qu’il respire, boit, mange, dort, bouge, communique, on peut ensuite s’occuper de ses conditions de santé (vaccins, vermifuges, maladies, …), pour enfin s’intéresser à ses conditions de performances. Il faut faire les choses dans l’ordre, ne pas « mettre la charrue avant les bœufs » comme on dit, sinon on court à la catastrophe.
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